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La matière fait partie intégrante de notre vie quotidienne selon Scott & Scott Architectes

À la tête du bureau d’architecture canadien Scott & Scott, en Colombie-Britannique, nous retrouvons David et sa femme Susan Scott, tous les deux passionnés de design créatif et stimulant l’imagination. Le design du magasin de crème glacée qu’ils ont réalisé dans le centre-ville de Vancouver invite le visiteur d’aujourd'hui à plonger dans un monde ludique, tout en rappelant le passé industriel du bâtiment, un savant mélange de créativité et de sérieux.


La matière fait partie intégrante de notre vie quotidienne selon Scott & Scott Architectes

 

À la tête du bureau d’architecture canadien Scott & Scott , en Colombie-Britannique, nous retrouvons David et sa femme Susan Scott, tous les deux passionnés de design créatif et stimulant l’imagination. Le design du magasin de crème glacée qu’ils ont réalisé dans le centre-ville de Vancouver invite le visiteur d’aujourd'hui à plonger dans un monde ludique, tout en rappelant le passé industriel du bâtiment, un savant mélange de créativité et de sérieux. , en Colombie-Britannique, nous retrouvons David et sa femme Susan Scott, tous les deux passionnés de design créatif et stimulant l’imagination Le design du magasin de crème glacée qu’ils ont réalisé dans le centre-ville de Vancouver invite le visiteur d’aujourd'hui à plonger dans un monde ludique, tout en rappelant le passé industriel du bâtiment, un savant mélange de créativité et de sérieux.

Ce sérieux s’exprime notamment dans la manière dont le couple place les matériaux au cœur même de son travail. David et Susan se sont rencontrés en Nouvelle-Écosse alors qu’ils étudiaient à la Faculté d’Architecture de la Dalhousie University. Une fois diplômés, ils ont rapidement développé un goût pour les matériaux de récupération et un sens de la réserve aiguisé, faisant de la matière l’acteur principal de leurs réalisations. Sans s'interdire, comme Nick Mitchell a pu s’en apercevoir quand il s’est adressé à David Scott, quelques envolées sémantiques fantaisistes.

 

Travailler à Vancouver doit être extrêmement inspirant. Le paysage offre un tel potentiel, à la fois rural et industriel. Vous pouvez littéralement quitter les gratte-ciels de la ville trépidante pour prendre la direction des bois, plus sauvages, du Parc Stanley. Ou encore : profiter d'une ambiance plus maritime à Granville Island, admirer l’architecture des années 50 du quartier de Mount Pleasant, vous aventurer du côté du mont Grouse... Dès lors, pensez-vous que vivre à Vancouver a fait évoluer votre vision en tant qu’architectes ?

Quand nous étions encore étudiants, nous avons travaillé un an à Londres, au tournant du nouveau millénaire et, bien que ce fut une très belle expérience dans une ville que nous adorons vraiment tous les deux, l’environnement ne nous était pas vraiment familier, trop urbanisé sans doute.

En rentrant au Canada, en nous posant à Vancouver, nous avons réalisé à quel point il était important pour nous de conserver une certaine humilité par rapport à la nature, à des éléments comme les montagnes North Shore par exemple. Elles nous rassurent, peut-être parce qu’elles nous rappellent notre enfance. Quoi qu’il en soit, vivre de cette façon nous permet de bien rester ancrés dans la réalité, de donner davantage de signification à notre travail. Nous sommes conscients que tout ce que nous faisons demeure perfectible, que ce n’est rien en comparaison.

 

 

Le design du bar à soins que vous avez conçu pour Fig est un véritable exemple du triomphe de la contradiction. Les panneaux de bois dentelés peints en vert - complétés par d’épais rideaux en velours dans le même ton - sont à la fois d'une beauté clinique et chaleureuse, sophistiqués et discrets, inspirés par la nature et le design industriel dans une égale mesure. Une sorte de métaphore boisée dans un style années 50. Comment faites-vous pour créer cette sensation de chaleur dans un environnement résolument froid ? (Ou inversement ?)

Les espaces dédiés aux soins des personnes sont souvent confrontés à un dilemme, celui de trancher entre un aspect plus « clinique » et un aspect plus « confort ». Pour ce projet, nous avons dû tenir compte de ce choix cornélien (ainsi que du souhait du client de miser sur une profusion de couleurs). Nous avons eu recours à des matériaux durables pour réaliser les surfaces plus fonctionnelles et à des matériaux plus chauds et agréables pour celles visibles une fois confortablement assis.

Les détails au plafond ont d’ailleurs joué un rôle très important L’espace entre les fermes en bois d'œuvre nous a, par exemple, permis de rediriger l’éclairage indirect  pour adoucir mais aussi uniformiser l’éclairage. La présence de ces détails au niveau des présentoirs aussi a également permis de simplifier le design de l’espace en incluant des éviers, des assises et des espaces de rangement dans la largeur parfaitement appropriée des caissons.

Pour être francs, nous n’avons pas consciemment misé sur une métaphore boisée mais, à nouveau, simplement laissé exprimer notre propre expérience avec la nature qui nous entoure ici.

 

 

Le design du magasin de crème glacée que vous avez réalisé à Vancouver est réellement ludique et représentatif de votre démarche de création de sens. Tout d’abord, les briques blanchies (volontairement partiellement) à la chaux rappellent bien les glaces à l’azote liquide qu'on peut déguster sur place. Un peu comme si vous vous retrouviez dans un monde faits de nuages. Ensuite, il y a un véritable lien sémantique entre l’esthétique industrielle de la vapeur d’azote et la brique irrégulière - autrement dit, on se sent vraiment comme dans un atelier. Avec une production qui, littéralement, se fait à la chaîne. Sans oublier le lien historique : il s’agissait bien auparavant d’une usine et vous le mettez très bien en valeur. Est-ce qu’il s’agissait simplement du « bâtiment idéal pour le projet » ou parvenez-vous toujours à produire du sens de façon si brillante ?

De façon générale, nous n’aspirons pas à imposer du sens dans notre travail. Idéalement, si nous sommes cohérents dans la manière dont nous abordons un projet, nous rejoignons un certain niveau de complétude qui donne lieu à des interprétations différentes selon l’expérience de chacun.  

L’approche développée pour Mister était similaire à celle de Fig à bien des points de vue. Nous avons cherché à utiliser des matériaux fonctionnels selon la configuration de l’espace. Nous avons appliqué une peinture laquée dans les zones dédiées à la préparation des commandes, les zones dédiées aux services ont été galvanisées et nous avons utilisé de la pierre à savon pour les zones en contact avec l’azote et la nourriture.

 

 

Vous utilisé du marbre pour réaliser le comptoir et joué avec les contrastes pour rappeler différents parfums de glace. Le résultat est à la fois brut et poétique. Comment conciliez-vous bon goût et créativité quand vous abordez différents signifiants ?

La pierre à savon qu'on trouve au Québec a été choisie pour ses attributs fonctionnels comme sa résistance aux chocs (thermiques et autres). Sa composition en fait une toile de fond idéale pour la vapeur, alors que les zones galvanisées annexes restent par définition froides. La structure cristalline de la pierre à savon nous fait immédiatement penser à l’hiver, à un arrêt de bus ou à un télésiège recouverts de neige.

 

Il est clair que vous n’avez pas besoin de recourir à des cornets de glace anthropomorphes, portant des gants, pour laisser libre cours à votre imagination. Pensez-vous que tous les intérieurs devraient être conçus de cette façon, comme de véritables œuvres d’art, ou le monde a-t-il besoin de design purement brut à l’américaine ?

Vancouver est l’un de ces endroits où les mois d'hiver sont gris, pluvieux, où on a envie de se changer les idées à tout prix et c’est ce qu'on fait grâce à des vestes de pluie ou des vêtements de sport aux couleurs criardes.

Cette relation privilégiée entre fonctionnel et ludique fait partie intégrante de la culture ici.

 

 

Votre chalet de montagne en A à Whistler a l’air de sortir tout droit d'un James Bond. Typique années 70 avec ses balustrades aux lignes épurées et son revêtement de sol en béton. On a l’impression - alors qu’on se rapproche de plus en plus de la métaphore visuelle - que la pop culture exerce une véritable influence sur votre travail, est-ce bien juste, même si ça implique le rejet du populisme ?

Je dirais qu’il s’agit plutôt des influences présentes dans notre vie quotidienne plutôt que d'un quelconque type de rejet, de notre expérience culturelle et de notre vécu professionnel. Nos souvenirs d’enfance, que ça soit de chalets de ski ou de restaurants de famille, refont surface dans notre travail mais on y retrouve également des aspects plus techniques ou structurels propres à l’architecture et que nous avons étudiés pendant notre formation. J’ai un souvenir très marquant, étant jeune, de la scène de poursuite à ski dans « Rien que pour vos yeux ». Toutefois, l'inspiration pour le design en A du chalet est bien plus liée à la nécessité d’utiliser un bois d'œuvre local, travaillé de façon à s’adapter à un sol escarpé.

 

Est-il possible que vous aimiez combiner des visions qui sortent de l’ordinaire à votre travail ? Redonner vie à des souvenirs ou à des réflexions personnelles ?

Ce n’est pas une volonté délibérée. Notre travail se présente un peu comme une série de puzzles avec différentes solutions que nous abordons grâce à notre intuition et à notre expérience. Si le résultat prend une tournure personnelle, c'est sans doute le fruit de notre implication directe dans notre travail.

 

 

Vos plus grandes réalisations se distinguent par des techniques simples comme de drôles de juxtapositions. Votre projet de maison de montagne typique années 50, dans le Nord de Vancouver, implique toute une série de contrastes avec l’utilisation de différentes sortes de bois, des murs blanchis à la chaux, des sols en béton et un évier en marbre et peut sembler volontairement dévier des conventions minimalistes. Mais le design en demeure parfaitement équilibré et l’impact émotionnel certain. Où se situe la frontière entre l’enthousiasme et la prudence, selon vous ?

Le choix de la maison dans le Nord de Vancouver a été influencé par notre décision d’effectuer les travaux à l’extérieur de notre studio et par l’intérêt de nos clients, en tant qu’historiens, pour des approches plus traditionnelles au niveau des matériaux. 

L’approche globale consistait d’ailleurs davantage en des ajustements et des rectifications suite à des interventions passées qu’en un réel travail de design de A à Z.

Les clients ont fait appel à nous pour concevoir une nouvelle maison et étaient sur le point de choisir un terrain quand ils ont trouvé cette maison. La maison était en parfaite harmonie avec l’environnement dans lequel elle se trouvait et les espaces à l’intérieur de la maison, bien que relativement petite, avaient de bonnes proportions.

Nos efforts se sont entre autres concentrés sur la démolition d'un escalier encastré qui formait une barrière à la luminosité émanant de la face sud de l’habitation. Nous avons aussi réduit les détails au plafond poncé et lissé les sols redonné leur éclat aux surfaces boisées qui avaient été polies à plusieurs reprises au cours des années. La cuisine, quant à elle, a été réalisée à partir de matériaux plus solides pour durer et se démarquer ainsi complètement des choix qui avaient été effectués au préalable, les uns après les autres.

 

Vous voulez en savoir plus sur le travail de David et Susan Scott ? Rendez-vous sur scottandscott.ca . Et si vous souhaitez en apprendre plus au sujet des choix de matériaux que sont amenés à effectuer les architectes dans le cadre de leurs projets, jetez un œil à notre interview avec Niall Maxwell, lauréat du prix d’architecture RIBA.