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69 % des designers d'intérieur sont des femmes. Alors pourquoi les hommes s’attribuent-ils toujours une si grande part des mérites ?

Selon le magazine Interior Designsur les 87.000 designers d'intérieur exerçant aux États-Unis, 69 % sont des femmes. Data USA de son côté, révèle que 89,9 % des diplômés en design d’intérieur aux États-Unis sont des femmes. Nous pouvons donc facilement en déduire que le design d'intérieur est un domaine plutôt réservé aux femmes. Alors pourquoi les hommes s’attribuent-ils toujours presque tous les mérites ?*​


69 % des designers d'intérieur sont des femmes. Alors pourquoi les hommes s’attribuent-ils toujours une si grande part des mérites ?


Selon le magazine Interior Design magazinesur les 87.000 designers d'intérieur exerçant aux États-Unis, 69 % sont des femmes. Data USAde son côté, révèle que 89,9 % des diplômés en design d’intérieur aux États-Unis sont des femmes. Nous pouvons donc facilement en déduire que le design d'intérieur est un domaine plutôt réservé aux femmes. Alors pourquoi les hommes s’attribuent-ils toujours presque tous les mérites ?*​

Passez en revue la liste des designers récompensés par les prix les plus prestigieux au cours de ces dernières années :

le Hall of Fame remis par le magazine lui-même qui a mis en évidence le fait que la profession soit un milieu majoritairement féminin, Interior Design, a pourtant intronisé des hommes à une majorité de 75 % au cours de ses 35 années d'existence.

En 2020, les Australian Interior Design Awards ont couronné du premier prix Hassell , une société dirigée par Adam Scott et une équipe exclusivement masculine de designers en chef. Le Prix Impact a été décerné à Studio Five , un studio dirigé par, vous l’avez deviné, 5 hommes. Le Prix du Développement Durable a été attribué à Jackson Clements Burrows et il s’agit, une fois encore, de 3 hommes aux commandes. Ce parti pris manifeste en faveur des hommes s’exprime dans la remise de bien d’autres prix.

Parmi les 7 membres du jury de ​ l’édition 2019 des Prix Porcelanosa d’architecture et de décoration d’intérieur en Espagne, 6 d’entre eux étaient des hommes. Il n’est dès lors guère surprenant que le Prix du Meilleur Design de l’Année fut remis à un homme : Ángel Fito López.

Les ​ Muse Design Awards, quant à eux, nous ont démontré que, coronavirus ou pas, 2020 a été une excellente année de plus pour les hommes, avec la remise du Prix de Décoration d’intérieur à la société chinoise​ Prid International Design, qui a à sa tête Tu Po Chun.

Malheureusement, cette liste n’est pas exhaustive mais vous en comprenez l’idée générale : dans le monde du design d'intérieur - contrairement à ce qui est, certainement, une idée reçue - les hommes occupent le devant de la scène, les femmes, elles, font de la figuration.


La parité dans le monde du design d'intérieur n’est pas une question d’apparence mais bien de pouvoir.

Ne vous méprenez pas : nous ne disons pas qu’il n’existe aucun designer d'intérieur de sexe féminin qui ne soit pas extrêmement médiatisé et réputé et ne travaille pas en première ligne, il y en a… des centaines ! La liste des 125 meilleurs designers d'intérieur au monde publiée en 2020 par Elle Décor en témoigne parfaitement (bien qu’il soit intéressant de noter que 3 des 5 meilleurs designers sont des hommes).​

Non, d’une façon générale, vous auriez raison de penser qu’il s’agit en réalité d'un monde où la parité est fortement respectée, du moins en apparence.

Pourtant, Joan Blumenfeld, célèbre designer en chef chez Perkins & Will, prend le soin de préciser dans Contract magazine, que 67 % - soit une proportion largement déséquilibrée - des partenaires ou des designers en chef de grandes entreprises de design d'intérieur sont des hommes, ce qui nous indique très clairement que ce qu'on voit en apparence ne se traduit pas encore dans un contrôle du pouvoir plus important pour les femmes designers d'intérieur.

Blumenfeld suggère de collecter des données objectives, sur base desquelles analyser les freins potentiels à entreprendre une carrière en tant que femme designer d’intérieur. En attendant, on a l'impression que cette problématique concerne principalement des femmes qui continuent à lutter pour atteindre des postes qui, comme dans beaucoup d’autres industries, semblent bien plus faciles d’accès aux hommes, ou que certaines femmes ne s’y aventurent même pas…

 

Hors des sentiers battus

L’une des approches les plus encourageantes, en ce qui concerne le plafond de verre qui empêcherait les femmes de percer les rangs bien établis, consiste à les transcender tout simplement.

Tandis que les hommes de la profession sont trop occupés à se battre pour la gloire dans des cérémonies de remise de prix tapageuses, beaucoup de femmes ambitieuses s’inscrivent dans une démarche bien plus fondamentale afin de doter les bâtiments d’intérieurs somptueux : l’échange d’idées.

En matière de design d'intérieur, la blogosphère a connu un succès phénoménal au cours des 20 dernières années et joue à présent un rôle important dans la vie de tout propriétaire consciencieux. Source d'inspiration, de conseils, de bonnes adresses et d’avis partagés, elle a pratiquement mis à genoux les plus grands magazines lifestyle.

​La liste publiée par Decorilla des 25 meilleurs blogs de design d'intérieur s’offre un casting presque exclusivement féminin de blogueurs devenus experts en design d'intérieur et dont les idées créatrices de tendances métamorphosent en profondeur l’industrie toute entière. Le secret de leur succès ne réside pas simplement dans le fait qu’elles respirent le pouvoir et l’expertise, mais surtout dans le niveau de confiance qu’elles offrent aux lecteurs, grâce à leur tangibilité virtuelle. Ces blogueuses sont de vraies personnes et les lecteurs peuvent s’identifier à leurs expériences.

Cette abondance de forums d'idées en ligne suggère que les femmes ont décidé de s’attaquer elles-mêmes aux problèmes de parité bien réels dans l’industrie du design d'intérieur. Quand le système échoue (en termes de reconnaissance financière traditionnelle), il suffit d’opérer à l’extérieur du système !

​Et cela s’avère ultra lucratif pour celles qui savent vraiment ce qu’elles font. House Beautiful (un nom quelque peu ironique pour un magazine bien établi) promulgue désormais également des conseils afin de savoir comment devenir riche en devenant influenceur pour le design d'intérieurh, soulignant que les influenceurs Instagram avec un million de followers gagnent de l’ordre de 5500 € par poste !

Du coup, la raison de la tendance à opérer simplement en dehors du monde compétitif des entreprises de design d’intérieur saute aux yeux.

 

Retour au premier plan

Bien que souhaiter devenir blogueuse ou influenceuse sur les médias sociaux sont des réponses compréhensibles à une industrie qui a tendance à reléguer au second plan les femmes ambitieuses, il est peut-être temps que les médias traditionnels commencent également à revoir la manière dont ils représentent les femmes qui exercent dans le domaine du design d'intérieur. Eh oui, même quand ces médias tentent de les mettre davantage en avant.

​En 2018, le magazine Interior Design a bien publié la liste des 20 femmes designers d'intérieur inspirantes à connaîtreGlamour vient de publier une liste des 11 femmes designers d'intérieur à connaître (et à suivre sur Instagram). Et,  en 2017, Architectural Digest nous a dévoilé les noms de ses femmes designers coup de cœur

Et il ne s’agit ici que de 3 publications parmi une multitude d’autres qui s’efforcent aussi régulièrement de mettre en avant des femmes mais aussi de souligner l’étendue de leurs compétences en matière de design (essayez de taper « les meilleures femmes designers » sur Google et voyez vous-même ce qui apparaît). Toutefois, on pourrait prétendre qu’il s’agit de boniments qui, au bout du compte, diminuent encore plus les femmes en les condamnant à être une sous-catégorie de la profession de designer d'intérieur, dominée par les hommes.

Vous savez... Comme s’il y avait le design d'intérieur standard (le genre qui peut prendre une grosse voix et qui a du poil sur le torse) et que ses adeptes étaient classés parmi « les meilleurs designers d'intérieur au monde » etc. Ensuite, vous auriez différentes subdivisions : « les meilleurs [insérez ici le nom d'un groupe marginalisé] designers d'intérieur », comme les femmes par exemple. Bien entendu, ces listes célèbrent la féminité, mais peut-être et juste peut-être qu’elles sont faites pour continuer à promouvoir les hommes. Peut-être même que c’est ça leur but secret (?).

Mainstream interior design journalism written by women for women leads the way in terms of balanced representation. The great Elle Décor, sets a fine example by removing gender limitations from their lists, which are the definition of a meritocracy for the industry – no race, gender or other personally identifying factor is discounted – it’s all about the great eye for design! If other publications were to do the same, we might well begin to see a redressing of the power balance in the interior design industry.

En attendant, les femmes continueront à jouer des coudes pour se faire une place dans le milieu ou reprendront simplement le contrôle en s’éloignant de la voie traditionnelle, pour évoluer comme elles l’entendent. Quoi qu’il en soit, les temps changent.


*À des fins de simplification, cet article ne prend pas en considération des problèmes plus sérieux rencontrés par les femmes de couleur ou non-binaires dans le domaine du design d'intérieur. Ces problèmes, bien entendu, demandent à être explorés à part entière.​


Vous souhaitez en lire plus ? Check out our article consacré à la designer d’intérieur et entrepreneuse inspirante Janey Butler.