Le succès intemporel du mouvement moderne des années 50
La fin de la Seconde Guerre mondiale a déclenché un soulagement collectif dans le monde entier. Suite à ce conflit ayant entraînée l'austérité dans toute l'Europe et une grande dépression aux Etats Unis, un retour à la liberté a immédiatement surgit très significatif et visible notamment dans le secteur artistique.
On célèbre la vie avec engouement, délivrés des griffes du nazisme, les foyers se penchent d’avantage sur le sujet de leur intérieur et de sa relation avec l’environnement. L'art et l'industrie, à juste titre, sont entrés dans l'une des plus grandes périodes d'ingéniosité et d'inventivité depuis la révolution industrielle, qui avait pris fin environ un siècle auparavant.
Dans le monde de la , elle a culminé dans un style que nous appelons aujourd'hui " Le mouvement Moderne ". Son impact sur la façon dont les gens voyaient le monde a été presque aussi dramatique et bouleversant que la révolution industrielle elle-même. Et ses répercussions se font encore sentir aujourd'hui, au cœur même de la façon dont nous construisons, concevons et habillons nos maisons., elle a culminé dans un style que nous appelons aujourd'hui " Le mouvement Moderne ". Son impact sur la façon dont les gens voyaient le monde a été presque aussi dramatique et bouleversant que la révolution industrielle elle-même. Et ses répercussions se font encore sentir aujourd'hui, au cœur même de la façon dont nous construisons, concevons et habillons nos maisons.
Exemple typique d'un intérieur Moderniste des années 60
Quels sont les thèmes principaux du mouvement moderne ?
L'expression la plus évidente associée au mouvement Moderne est celle dont vous avez entendu parlé si vous vous intéressez un minimum au design et à l’architecture : des lignes épurées.
Avant les années 50, les arts constructif et décoratif s'intéressaient surtout à l'apparat de l'artisanat, symbole de qualité. L'automatisation introduite pendant la révolution industrielle avait, bien sûr, forcé les praticiens victoriens à simplifier les approches de la décoration sous le dogme moderniste de l'utilitarisme. Le mouvement allemand du Bauhaus pendant les années 1920 et le début des années 1930 a alors établi l'idée que la beauté pouvait être obtenue par le processus de production en série. Et, alors que les pratiquants du Bauhaus fuyaient l'Allemagne pour l'Amérique pendant la Seconde Guerre mondiale, le style international a pris son essor, popularisant la simplicité produite en série comme un moyen d'obtenir un résultat assurément esthétique.
Ce n'est toutefois qu'après-guerre que les lignes épurées et les courbes organiques propres au style moderne, se sont réellement ancrées dans les esprits du peuple occidental, stimulé par la paix et le progrès, disposant désormais de moyens et de temps.
L'album Fantastic Glissando (1969) du compositeur minimaliste Tony Conrad
Une forme nouvelle d’art est aussi apparue à ce moment là , le minimalisme. De la musique expérimentale deTony Conrad et de Terry Riley , en passant par la peinture et le cinéma (Robert Ryman et Agnes Martin), la production culturelle s'est fortement concentrée sur l'abstraction et la simplicité - ramenant les objets d'art à leur essence même afin de mieux examiner ce qui qualifie leur définition comme tel. En d'autres termes, c'était un moyen pour l'art de s'identifier de faire une sorte d’introversion, en mettant à nu ses éléments les plus fondamentaux.
En architecture, on retrouve la montée du Brutalisme, apparu dans les années 50 représenté par des structures gigantesques, monolithiques, géométriques, construites en grande partie en béton coulé et qui ne ressemblaient en rien à ce qui avait déjà existé auparavant. Autant que le design intérieur qui l'accompagnait était très complémentaire dans son essentialisme dépouillé, son dynamique et l'utilisation de couleurs, de textures, de matériaux et de formes audacieuses.
Bibliothèque Giesel, Université de Californie, San Diego, CA, USA
Qui étaient certains des principaux acteurs ?
La culture des grands magasins était à son apogée entre la fin des années 1940 et le début des années 1970 et des produits d'intérieur minimalistes de Hans Wegner, Frank Gehry et Finn Juhl, entre autres, peuplaient ces géants de la consommation pour en faire le nouveau passe-temps bourgeois symbole de la liberté: le shopping.
Frank Gehry
Né en 1929 au Canada, Frank Gehry est aujourd'hui un architecte renommé , celui qui a conçu le Musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne - l'un des exemples les plus surprenants du style postmoderne contemporain. Mais il a aussi produit entre 1969 et 1973 une ligne de meubles , appelée " Easy Edges ". Construit entièrement en carton d'ingénierie, sa signature'Wiggle Side Chair' pour Vitra est l'exercice ultime de simplicité avec un carton original, funky et courbé qui nie la nécessité de toute décoration supplémentaire. L'intemporalité moderne de la gamme Easy Edges vient de sa capacité à nous émerveiller avec une étrange combinaison de familiarité et d'aliénation. Nous le reconnaissons pour ce qu'il est et, pourtant, il semble complètement différent de tout ce que nous avons jamais vu auparavant.
Wiggle Side chaise de la gamme Easy Edges de Frank Gehry
Hans Wegner
Le milieu du 20ème siècle a été témoin d'une explosion du design minimaliste du mobilier danois. Hans Jørgensen Wegner, né en 1914 et formé par le maître ébéniste H. F. Stahlberg, fut l'un des principaux praticiens du design danois. Aujourd'hui, ses créations se trouvent dans des galeries et des musées de renommée mondiale, mais à l'époque, des modèles tels que The Peacock Chair, The Chair (chaise polyvalente en chêne, frêne, cerisier ou noyer avec siège en osier) et Wishbone Chair (qui, oui, ressemblait un peu à un wishbone) étaient fabriqués en série pour les classes moyennes en pleine croissance. Comme la grande majorité du design danois du milieu du siècle, il était simple, légèrement incurvé, élégant et utilitaire. Et le style ultime pour ceux qui souhaitaient s'extirper de la monotonie et de la flamboyance d'avant-guerre.
La table basse BO101 par Finn Juhl pour Bovirke
Finn Juhl
Un autre Danois qui a joué un rôle central dans le movement modern, Finn Juhl. Architecte, architecte d'intérieur et designer industriel, Juhl (né en 1912) a été le concepteur chargé de présenter Danish Modern au public américain, assurant ainsi sa place dans la culture dominante jusqu'à ce jour. Les méthodes de production en usine utilisées pour réaliser ses dessins ont été soulignées dans leur nomenclature. Des noms durs et joyeux comme la chaise NV44 (en acajou cubain) et la table basse BO101 (fabriquée par Bovirke en teck, laiton et bronze) nient l'impact révolutionnaire culturel de leurs designs (on pourrait dire que la rébellion de leur design était elle-même un acte joyeux, même si leur style a été délibérément conçu pour minimiser le plaisir élaboré et maximiser la simple utilité).
Pourquoi le mouvement Moderne est-il de retour dans le style contemporain ?
Alors que les années 1970 ont cédé la place aux années 1980, des matériaux comme l'aluminium, l'acier et le verre ont fait leur chemin dans le domaine de l'aménagement intérieur et la technologie, comme l'éclairage au néon, a commencé à s'infiltrer de l'extérieur des bâtiments pour éclairer les résidences et les intérieurs commerciaux les plus à la mode du monde. Les couleurs pastel, les imprimés tatillons et l'opposition du style campagnard avec la tendance moderniste vers les nouvelles maisons ont transformé les maisons des gens des idylles minimalistes en une version un peu plus gargantuesque d'eux-mêmes. Et, en fusionnant soudainement des éléments de nostalgie avec des éléments de futurisme, le design d'intérieur a atteint un point final naturel pour l'ingéniosité stylistique. Le monde avait commencé à regarder en arrière, plutôt qu'en avant.
Dans les années 80, le Minimalisme est devenu le nouveau Post-Moderne
Cela signifiait deux choses pour la nouvelle génération de designers, élevés dans les années 1980 et arrivés à l'âge adulte dans les années 1990. Tout d'abord, ils avaient été formés par la génération de leurs parents à chercher l'inspiration dans les deux sens. Deuxièmement, et surtout, parce qu'ils n'étaient ni moins rebelles ni moins déterminés à être différents que toutes les générations qui les avaient précédés, cela signifiait qu'ils devaient faire quelque chose de radical pour contrarier leurs parents. Ils se sont donc tournés vers les maisons de leurs grands-parents, symboles ultimes du "pas cool" pour les parents de la génération du baby-boom, pour s'en inspirer. (Existe-t-il un meilleur moyen d'énerver son père que de lui dire que l'on trouve son grand-père plus cool que lui ?) C'est ainsi que la modernité du milieu du siècle a été ravivée, à peine dix ans après que son cadavre aux lignes épurées ait eu l'occasion de se refroidir.
Au cours des deux décennies qui se sont écoulées depuis les années 1990, les exemples de la modernité du milieu du siècle dernier se sont, bien sûr, fait de plus en plus rares. Cela les a aidés à passer d'un premier acte de rébellion stylistique branché à un acte de chasse à l'antiquité plus courant comme moyen de démontrer, par l'aménagement intérieur, une vision du monde plus cultivée que celle d'un habitant moyen. Le style moderne des années 50 inspire aujourd'hui un grand nombre de designers contemporains, ce qui fait qu'il est difficile pour l'œil non formé de reconnaître la différence entre la simplicité Scandinave contemporaine d'un fauteuil IKEA EKENÄSET et un fauteuil lounge vintage polonais 300-190 de Henryk Lis de 1962.
Un fauteuil des années 60 et sa version moderne. Mais qui est qui ?
Et ce n'est pas une mauvaise chose. Nous vivons dans un monde qui, à l'approche de la troisième décennie du XXIe siècle, nous donne accès à des méthodes de production industrielle plus efficaces, à une consolidation de l'histoire du design et, surtout, à un plus grand sens de la liberté. Combiner l’ancien et le nouveau, le cher et le bon marché, le luxe et le vintage... Un monde où notre obsession pour le style années 50 siècle évolue vers son successeur naturel - le style Eclectique. Alors, ne soyez pas surpris de voir que vos amis vivent dans une usine réhabilitée avec les murs en plâtre nu abritant une table à manger G-Plan, une lampe Arteluce standard, une baignoire Lofty Black, un cadre de lit Ercol et un fauteuil EKENÄSET. Parce qu'ils ont quelque chose de plus qu'un simple revenu disponible à portée de main. Ils ont aussi un grand sentiment de liberté. Et tout ça sans jamais oublier le bon goût.
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